Jacques ARNAUD

La petite librairie

La petite librairie


Actuellement, ils ne cessent de nous répéter, à la télé, qu'à cause d'internet les petites librairies, risquent toutes de disparaître.

Mais, n'ont-elles pas engendré elles-mêmes leur propre problème ?

Certes, elles ne peuvent pas s'aligner sur les prix pratiqués par les sociétés de vente à grande échelle. Mais, ces grandes entreprises impersonnelles, ne sont-elles pas aussi verrouillées par les campagnes publicitaires de grandes maisons d'édition ? Leur pouvoir décisionnel n'est-il pas établi par des normes valables outre-Atlantique ? Pensez-vous que les lecteurs soient adeptes du culte de la pensée unique ?

En ce qui me concerne, je ne suis qu'un petit écrivain, qui diffuse ses quelques livres en tant qu'autoentrepreneur. Ma vie est celle de monsieur tout le monde. Mes soucis proches de ceux de tous les gens. Mes capacités de vente sont tellement réduites que je n'ai pas les moyens, ni les compétences, pour négocier un prix réduit auprès de mon imprimeur (qui est tout autant sympathique que compétent). Mon imposition est réalisée sur mon chiffre d'affaires. Et, si je veux que mes livres soient distribués par une grande enseigne, il me faudra abandonner 35 % du prix de vente. Les frais de port restant à ma charge bien entendu !

Soit :

  • -35 % (Distribution)

  • -32 % (Imprimeur)

  • -30 % (Impôts)

  • -les frais de port

Et, au final, je suis de perte…

Des auteurs qui sont dans mon cas, il y en a des milliers. Tout ce que nous avons écrit ne vaut certes pas le Goncourt.

Mais, ne s'agit-il pas là d'un marché potentiel ?
Et surtout, d'un secteur qui échappe aux grands comptes (-35 %).

Certes, le petit libraire se trouve enfermé dans des contrats de distribution exclusive, pour s'approvisionner. Il dépend de sociétés centralisées, qui sont aussi celles qui approvisionnent les méchants.

Mais, pourquoi n'y aurait-il pas quelqu'un qui passerait devant chez lui ? Et, voyant la lumière allumée, n'entrerait-il pas dans le magasin ?

Il demanderait à la personne présente si elle n'accepterait pas de prendre, pour lui rendre service, et pour une durée limitée, son tout dernier roman en dépôt-vente. En échange d'un pourcentage du prix de vente, cela va de soi, misant sur l'honnêteté du propriétaire des lieux.

Et, si l'on se place dans la peau d'un acheteur lambda, pour quelle raison pousse-t-il la porte ?

N'est-ce pas pour vivre une nouvelle aventure, par l'intermédiaire d'une belle histoire ?Quelque chose qui serait différent.
Mais, l'offre est tellement vaste, que même une chatte n'y retrouverait pas ses petits.
N'est-ce pas le rôle du libraire que celui de l'aider dans sa démarche ?

Et, si ce lecteur venait à être enchanté par cette nouvelle expérience, pourquoi ne tenterait-il pas sa chance une nouvelle fois, au même endroit, avec le même libraire ?

Et ainsi, acheter un autre auteur, un livre plus classique, un ouvrage connu, un autre genre de lecture…

C'est ainsi qu'on se construit une clientèle.

Mais, ne nous inquiétons pas, une nouvelle loi va régler tous ces problèmes d'ici peu.



09/01/2014
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